Pour la première fois depuis plusieurs jours, le dîner se passa dans une ambiance assez agréable. Hermione était heureuse d’avoir trouvé un bon moyen de reparler à Drago et elle comptait bien en profiter. Après tout, il allait partir le lendemain et elle ne pourrait plus rien faire pour le ralentir, pour l’empêcher de la quitter alors qu’elle se sentait si bien en sa compagnie. Elle profita du repas pour relancer la conversation et tenter de recréer le lien si fort qui les avait unis. Cette occasion lui permit également d’ignorer superbement Alicia et son père qui se comportaient comme de jeunes amoureux, ne se lâchant jamais, mangeant à la fourchette de l’autre …

Après le repas, ils montèrent ensemble jusqu’à leur chambre respective mais Hermione arrêta Drago au moment où il allait franchir le seuil.

- Drago ?

- Oui ?

- Merci …

- De quoi ?

- De ne pas m’avoir laissé tomber et … pour tout ce que tu as fait pendant que tu étais là… et …

- Arrête !

- Arrêter quoi ?

- Tout ça … Penser que je ne suis pas le monstre que tu imaginais et tout… Arrête d’espérer Hermione, je n’ai pas changé et ne changerai jamais.

- Je sais … Mais c’est important pour moi.

- N’oublie pas que tout redeviendra comme avant dans deux jours, lança-t-il avant de disparaître dans sa chambre.

Hermione resta bouche bée lorsque la porte se referma. Elle avait compris ce qu’il avait voulu lui dire et l’avait admis dès qu’il l’avait prévenue. Néanmoins, elle aurait pu jurer voir une tristesse indescriptible s’abattre sur le visage angélique du beau blond. Elle rentra à son tour dans sa chambre, pensive. Pourquoi avait-elle cru voir cette tristesse dans ses yeux ? C’était son choix après tout, jamais elle ne l’avait forcé à partir, ou à redevenir comme avant à la fin de son séjour. Pourquoi agissait-il ainsi si ça le faisait souffrir ?

Elle s’allongea sur son lit et une évidence lui apparut subitement : Drago n’avait pas réellement désiré cela, c’était une obligation. Pourquoi ? Elle ne pourrait sans doute jamais avoir la réponse à cette question et ne ferait rien pour arrêter Drago, même si son départ la rendrait malheureuse.

Drago, quant à lui, était assis sur son lit, la tête entre les mains, et relisait inlassablement la missive de sa mère. Il poussa un long soupir avant de la déchirer en morceaux. Dans deux jours tout au plus, il serait un Mangemort. La peur le prit au ventre à cette pensée. Une minuscule partie de son être aurait voulu pouvoir en parler avec quelqu’un, trouver une solution et lui éviter cette épreuve… mais il était seul, désespérément seul. Il songea alors à Hermione, dans la pièce juste en face et soupira à nouveau avec force. Son plan n’avait pas fonctionné puisque, même s’il était difficile pour lui de l’admettre, Hermione était devenue son amie, et rien n’y changerait désormais. Il reprit sa tête dans ses mains tout en réfléchissant. Devenir un Mangemort  la mettrait sans aucun doute en grand danger, surtout lorsqu’ils seraient tous deux préfets-en-chef à Poudlard, et si elle continuait à s’accrocher à lui de la sorte. Il fallait qu’il trouve le moyen de se faire détester, et tout serait plus simple pour lui.

Le lendemain se déroula comme le repas de la veille et Hermione profita de ces instants de détente qui, elle le savait, disparaîtraient en même temps que son compagnon. Drago et Hermione furent engagés dès le début de l’après-midi  pour préparer le « festin » de la soirée pendant que William et Alicia prétendaient s’occuper de la décoration. C’est en faisant les très nombreux toasts, canapés et verrines qui composeraient le repas qu’ils continuèrent la conversation la plus anodine qu’ils avaient trouvée. Hermione refusait de passer sa dernière journée avec Drago comme ami à se disputer ou à penser à leur prochain retour à Poudlard. Ils avaient donc décrété ensemble que le sujet ne serait pas évoqué et ils se posaient chacun leur tour des questions pour en apprendre plus sur l’autre.

Les questions étaient souvent sans intérêt mais certaines faisaient frémir Hermione tant elles lui semblaient intimes. Bien souvent, elle essaya d’orienter Drago vers des terrains moins périlleux, mais ceux-ci ne l’intéressaient apparemment pas.

- Tes fleurs préférées ?

- Les roses jaunes.

- Pourquoi ?

- Tu ne m’as pas laissée poser ma question !!

- Réponds d’abord à la mienne.

- … C’étaient les fleurs préférées de Maman, souffla-t-elle, celles que je dépose toujours sur sa tombe.

Le silence s’installa et Hermione adopta un ton faussement enjoué pour relancer la discussion.

- A toi, maintenant ! Pourquoi as-tu accepté cet échange Inter-Poudlard ?

- Pour me sortir de la routine. Comment ça se passait ? Je veux dire entre toi et ta mère ?

Hermione baissa la tête et rendit les armes. Il ne la laisserait pas enchaîner sans avoir de réponse claire. Elle soupira.

- On était très proches, toutes les deux. Tu vois, limite fusionnelles. Parfois, je la considérais autant comme ma mère que comme ma meilleure amie, ma confidente. Elle était tout pour moi … Et puis un jour, elle était en congrès pour son métier quand quelqu’un a frappé à la porte.

Drago remarqua que ses yeux étaient perdus dans le vague et il se demanda les horreurs qu’elle revoyait. Il ne tarda cependant pas à le savoir puisqu’elle continua.

- C’était une soirée glaciale de janvier et elle devait rentrer dans quelques heures. J’avais hâte de la revoir puisque ça faisait deux semaines qu’elle était partie et elle me manquait. Puis, quelqu’un a frappé à la porte et ça m’a étonnée. Maman ne devait pas rentrer  si tôt et de toute façon, elle avait ses clefs… Mon père est arrivé en même temps que moi à la porte et l’a ouverte. Il y avait deux hommes et j’ai tout de suite remarqué que quelque chose n’allait pas car ils étaient vêtus de robe de sorcier.

Ses yeux s’emplirent peu à peu de larmes, fixant toujours un point que Drago ou quiconque ne pourrait jamais apercevoir. Inconsciemment, Drago posa sa main sur celle de la jeune fille qui continuait son récit, bouleversée.

- C’étaient des Aurors, du moins c’est ce que j’ai cru comprendre. J’étais tellement prise au dépourvu… Je n’entendais rien de ce qu’ils disaient, sauf quand l’un d’eux  a prononcé les mots qui ont changé mon existence : « je suis désolé, Mme Granger se trouvait dans une embuscade de Mangemorts. Elle a succombé au sort de la mort. » Tout est devenu noir et …

Elle s’arrêta, les larmes coulant sur ses joues, silencieuses. Drago serra son emprise sur la main de Hermione. Elle ne réagit pas, semblant seulement revenir à la réalité, à l’instant présent. Drago planta ses beaux yeux gris dans les siens et parla si bas qu’elle aurait pu ignorer sa question si elle le voulait.

- Elle te manque ?

Elle baissa les yeux, laissant libre cours à ses larmes et dit encore plus bas, dans un souffle.

- Plus que tout …

Après quelques minutes, elle sembla reprendre le dessus, sécha ses larmes et releva la tête. Elle était encore troublée mais ne voulait pas gâcher cette journée.

- Date d’anniversaire ? demanda-t-elle avec ce qu’elle espérait être de l’assurance, mais sa voix tremblait toujours.

Drago sauta sur l’occasion pour retrouver un ton léger.

- 5 juin !

Il se rappela alors qu’il lui tenait toujours la main et se dépêcha de la lâcher, gêné. Ils continuèrent leur conversation tranquillement et Drago évita cette fois les questions qui pourraient mettre Hermione mal à l’aise.

***

Et oui, je suis rentrée de vacances ! Enfin ! Je vais pouvoir vous mettre des chapitres tout beau tout neuf !!

J’espère que celui-ci va vous plaire, celui que je vais mettre mercredi est mon préféré et celui-ci n’est que l’amorce mais …

J’attends votre avis impatiemment !!

Bisous,              

Miss Rainbow

PS : pour ceux qui me demandent si tout se passera dans le monde des moldus, non, ne vous inquiétez pas !!
Et merci à une lectrice de m'avoir fait remarquer que je m'étais planté pour sa date d'anniversaire, impardonnable !!